- Accueil
- Actualités
- Réforme des retraites : François Bayrou rejette le retour à 62 ans
Réforme des retraites : François Bayrou rejette le retour à 62 ans
Publié le 17 Mar 2025
Lecture de 3 min.
Thématique : Actualités
Rédigé par Maeva FLORICOURT
Partager
Dimanche 16 mars, alors qu’il était l’invité de France Inter et de Franceinfo, le Premier ministre a pris tout le monde de court en écartant l’idée d’un retour à la retraite à 62 ans. En quelques mots, François Bayrou a donc rompu sa promesse de dialogue social. Ces déclarations sont d’autant contradictoires qu’un conclave sur la réforme des retraites se tient actuellement. 11 rendez-vous avec les partenaires sociaux sont encore prévus jusqu’au 28 mai. Un volte-face qui a sans grande surprise braqué syndicats et opposition.
François Bayrou revient sur sa promesse de dialogue social
Annoncé depuis plusieurs semaines, le conclave chargé de débattre de la réforme des retraites avait pour ambition de rassembler tous les partenaires sociaux autour de la table. L’objectif ? Évaluer, à partir de février et jusqu’au 28 mai, la pertinence des mesures récemment adoptées et, le cas échéant, proposer des ajustements. Le gouvernement promettait alors « aucun tabou » et laissait entendre qu’une marche arrière sur l’âge légal pourrait même faire partie des pistes de travail.
Pourtant, à en croire ses dernières déclarations, le Premier ministre a douché l’optimisme de ceux qui s’attendaient à discuter franchement du retour à 62 ans. Il a qualifié cette hypothèse d’inenvisageable d’un point de vue budgétaire et peu réaliste compte tenu des projections de déficit. Une prise de position nette, que l’opposition n’hésite pas à qualifier de volte-face, puisqu’elle semble aller à l’encontre de la promesse initiale d’aborder « tous les sujets ».
L’âge de départ à la retraite : un critère finalement intouchable ?
Dans la foulée de ces annonces, le ministre de l’Économie, Eric Lombard, a également pris la parole sur le sujet : pour lui aussi, le retour à 62 ans aurait un « coût élevé ». Il a toutefois octroyé une marge de manœuvre aux organisations syndicales : celles-ci auraient la responsabilité de proposer d’autres leviers pour compenser la perte de recettes qu’entraînerait un retour aux 62 ans.
Si l’exécutif semble s’accorder, l’annonce du Premier ministre a déclenché une tempête médiatique. Dans un entretien accordé au Figaro, l’ancien Premier ministre, Édouard Philippe, n’a pas mâché ses mots envers François Bayrou, qualifiant même ce conclave de « complètement hors-sol » et estimant qu’un retour sur la réforme Borne n’aurait plus lieu d’être au vu des nouvelles menaces géopolitiques et de l’effort de défense à fournir. Quant à l’opposition, les déclarations ne se sont pas fait attendre.
« Bayrou n’a jamais eu l’intention de permettre une discussion et un vote sur l’abrogation de la retraite à 64 ans. Aujourd’hui, il utilise la situation internationale pour justifier cette infamie. Irresponsable ! »
Manuel Bompard, LFI
« Ce n’est pas au Premier ministre de fixer ce nouveau cadrage : le conclave est lancé. Sinon, autant que tout le monde rentre à la maison. »
Arthur Delaporte, PS
Un « non » qui fait déborder la coupe des syndicats
Les organisations syndicales n’ont également pas caché leur indignation. Certaines figures de la CGT et de la CFDT ont parlé de « scandale » et de « trahison ». Elles rappellent qu’elles avaient accepté de revenir à la table des discussions précisément parce que l’exécutif assurait que toutes les options étaient sur la table. Le fait que le Premier ministre ferme la porte si tôt à un retour à 62 ans affaiblit, selon elles, la crédibilité du conclave et remet en question la sincérité même de ce processus.
D’autant plus que, selon les organisations syndicales, il est parfaitement possible d’activer d’autres leviers afin de revenir à 62 ans, comme l’emploi des séniors ou les niveaux de cotisations. Ils estiment que la priorité devrait être donnée à l’augmentation du taux d’emploi et à la création de mécanismes incitatifs pour conserver les séniors dans l’entreprise, plutôt que d’imposer, au nom d’impératifs budgétaires, un départ à la retraite plus tardif pour tous.
Au-delà de la politique, l’âge légal ravive les inégalités
Au-delà de la bataille purement politique, la question de l’âge de départ à la retraite reste un enjeu de société majeur. Les partisans d’un report estiment nécessaire d’adapter le système à l’allongement de la durée de la vie et aux pressions budgétaires sur les caisses de retraite. Les opposants, eux, dénoncent une forme d’injustice sociale : prolonger l’activité de tous alors que de nombreuses personnes ont du mal à trouver un emploi après 55 ans revient à aggraver la précarité d’une partie des travailleurs.
La loi « Borne » n’a globalement jamais eu bonne presse auprès des Français et l’idée du conclave avait réussi à calmer les esprits. Mais, depuis les déclarations musclées du Premier ministre, l’espoir de l’abrogation de la retraite à 64 ans semble s’amenuiser. Rendez-vous donc fin mai pour voir si la fermeté gouvernementale tiendra jusqu’au bout des discussions, ou si, sous la pression populaire et syndicale, un compromis pourra finalement se dessiner.
En résumé
- Le Premier ministre a exclu un potentiel retour de l’âge légal de la retraite à 62 ans, ce qui a suscité un tollé immédiat parmi les syndicats et dans l’opposition ;
- Pour rappel, un conclave sur la réforme des retraites se tient jusqu’à fin mai, avec la promesse initiale d’aborder sans tabou la question de l’âge légal ;
- Le verdict du conclave est attendu fin mai.
À lire également sur les conséquences de la réforme des retraites 2023
- Réforme des retraites 2023 : le départ à 64 ans accentue-t-il les inégalités ?
- Réforme des retraites 2023 : pourquoi les femmes sont-elles pénalisées ?
- Réforme des retraites 2023 : critères de pénibilité, à quels changements s’attendre ?
- Réforme des retraites 2023 : vers une flambée des prix de l’assurance emprunteur ?
- Retraites : rapport du COR, la France va droit vers le déficit malgré la réforme
- Retraite des indépendants : plus que 6 mois pour opter entre la Cipav et la SSI, que choisir ?
- Réforme des retraites : la suppression de plusieurs régimes spéciaux définitivement actée
Partager
Maeva FLORICOURT
RÉDACTRICE WEB, SPÉCIALISÉE EN ÉCONOMIE, FINANCE ET GESTION DE PATRIMOINE
Rédactrice web SEO, je décrypte notre paysage économique, immobilier et patrimonial. Mon but ? Vous accompagner dans vos projets immobiliers en vous apportant toutes les informations utiles et pertinentes qui maximiseront vos chances de réussite.
Découvrir cette auteure
85 % des montants de retraite peuvent être optimisés : en faites-vous partie ?
Demandez un audit gratuit de votre bilan de carrière à nos experts et augmentez votre retraite de 300 €/mois en moyenne !
Vous voulez obtenir des conseils ?