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Réforme des retraites 2023 : le départ à 64 ans accentue-t-il les inégalités ?

Publié le 27 Jan 2023

horloge Lecture de 3 min.

Thématique : Actualités

Rédigé par Elodie FUENTES

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L’allongement des cotisations et le départ à la retraite à 64 ans, contre 62 ans à l’heure actuelle, échauffent les débats entre les syndicalistes et le Gouvernement, concernant notamment les personnes en bas de l’échelle sociétale, directement concernées par le sujet. Découvrez les arguments qui placent ces futurs retraités, considérés comme modestes, gagnants et, au contraire, les profils qui seront inéluctablement les perdants du jeu de la réforme.

Pourquoi les syndicats s’inquiètent-ils pour les plus modestes ?

Bien qu’ayant repoussé ses intentions de départ concernant la réforme de la retraite 2023, en réduisant l’âge de départ à 64 ans, contre 65 ans énoncés au départ, le Gouvernement allonge toutefois l’échéance de deux ans. Officiellement présenté à l’Assemblée nationale en première lecture ce lundi 23 janvier dernier, le texte de la réforme des retraites est pointé du doigt par les syndicats prédisant une montée des inégalités pour les personnes les plus modestes. Leur argument principal pour démonter les ambitions macronistes s’articule autour d’un constat sociétal simple : les personnes les plus défavorisées ont commencé à travailler jeune. Cette catégorie sociale aurait bénéficié de leur retraite à taux plein à 62 ans avant la réforme des retraites 2023, les contraignant dès lors à partir à 64 ans. Le manque d’études ou d’études courtes, doublé d’une urgence financière à s’émanciper le plus tôt possible, touchent inéluctablement les concitoyens les plus modestes. Les syndicats crient à l’injustice sociale vis-à-vis des personnes qu’ils estiment plus favorisées, ayant suivi, le plus souvent, de longues années d’études, les obligeant quoi qu’il en soit à quitter le monde du travail après 62 ans. 

Le cas des inégalités homme/femme n’est pas épargné

Habituées des premiers rangs lors des manifestations traitant des sujets inégalitaires, les femmes n’échappent pas à leur lot en ce qui concerne la réforme des retraites 2023. D’accoutumée pénalisées par un mode de vie encore basé sur un schéma patriarcal, les femmes partent plus tard à la retraite que les hommes. Interruption de carrière pour élever les enfants, difficultés à retrouver du travail par la suite ou encore travail à temps partiel faute de mode de garde, la retraite des femmes se fait attendre. Or, Élisabeth Borne se targue de communiquer sur l’accent placé sur le cas des femmes dans la réforme des retraites qu’elle est en train de défendre en ce moment-même à l’Assemblée. Néanmoins, beaucoup de ses détracteurs mettent en avant le fait qu’elle semble oublier qu’en allongeant les délais de cotisation pour un départ à la retraite à taux plein, de plus en plus de femmes se dirigent droit vers un départ à 67 ans.

Quels sont les arguments du Gouvernement qui prouvent le contraire ?

De son côté la Première ministre défend le projet de la réforme des retraites 2023, dont la plaidoirie vient contrer la parole vindicative des syndicats au sujet du sort réservé aux personnes modestes. Selon les dires d’Élisabeth Borne, les futurs retraités les moins aisés seront ceux à qui la réforme demandera le moins d’effort. L’allongement de l’âge du départ à la retraite à 64 ans épargnerait 20 % des personnes modestes selon elle. Un argument qu’elle étoffe par des chiffres complémentaires : 50 % des personnes les plus aisées seront tributaires du décalage de l’âge du départ à la retraite. 

Des propos appuyés par l’IPP

L’Institut des politiques publiques (IPP) abonde dans le sens du Gouvernement et attenue les propos tenus par les syndicats, ou du moins, affine leur analyse. D’après l’étude menée par l’IPP et publiée début janvier, l’argument selon lequel les personnes modestes seront plus touchées par la réforme des retraites 2023 doit prendre en compte la complexité des divers cas pratiques.

D’après ce rapport, il convient de dissocier le contexte des actifs et des étudiants dont les générations appartiennent aux années 60, d’avec celles d’aujourd’hui. Deuxième nuance de gris apportée au débat : l’interruption des carrières. Les personnes ayant arrêté de travailler durant une période plus ou moins longue, verront leur cotisation impactée et donc leur âge de départ reculé. De ce fait, avoir commencé à travailler avant 22 ans, ne permet pas nécessairement de partir à la retraite à 63 ou 64 ans et ne change donc pas les conséquences d’un régime établit à 62 ans ou à 64 ans.
Dernier point sur lequel l’étude de l’IPP s’appui, donnant des voix à la parole d’Élisabeth Borne sur le sujet, les cas d’inaptitude au travail. Les personnes concernées (environ 1 retraité sur 10), ont la possibilité de partir à la retraite avant la cotisation du taux plein exigé.

En résumé

  • Le départ à la retraite à 64 ans inquiète les syndicats qui craignent un allongement des cotisations pour les personnes les plus défavorisées, qui auraient pu partir à 62 ans pour cause de carrière longue.
  • Les interruptions de carrière des femmes et le temps partiel pénalisent déjà fortement leur retraite. La réforme 2023 ne fera qu’augmenter leur nombre d’années de travail selon les syndicats.
  • Élisabeth Borne défend son projet de réforme des retraites 2023, et soutient le fait que les plus modestes ne subiront pas plus la réforme que les autres, au contraire. 
  • L’IPP (Institut des politiques publiques), accentue le discours de la Première ministre par les cas des interruptions de carrières et d’inaptitude au travail, qui permettront aux personnes concernées de partir plus tôt à la retraite avec la nouvelle réforme.

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Elodie FUENTES

Rédactrice web, spécialisée en économie, finance et gestion de patrimoine

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