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Impôts et taxes : les propositions de chaque candidat à la présidentielle 2022

Publié le 22 Mar 2022

horloge Lecture de 7 min.

Thématique : Actualités

Rédigé par Emilie Gardes

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En course pour les élections présidentielles d’avril 2022, les candidats multiplient les interventions publiques et médiatiques pour présenter leurs différents programmes. Tour d’horizon de leurs propositions en matière de refonte de la fiscalité. Quels impôts veulent-ils remanier ? Qui serait concerné ?

Les candidats de la gauche et d’extrême gauche

Anne Hidalgo

Anne Hidalgo, candidate du parti socialiste et actuelle maire de la ville de Paris, se démontrerait prompte à la réintroduction d’un ISF mais à visée « Climat et Biodiversité » pour lancer efficacement la transition énergétique tricolore. Une proposition également soutenue par d’autres figures de la gauche, telles que Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon. Dans le détail, ce concept – pensé originellement par l’organisation non gouvernementale (ONG) Green Peace en 2020, tendrait à créer un Impôt de Solidarité sur la Fortune (abrogé par Emmanuel Macron en 2017) totalement inédit. Ce dernier serait calculé en fonction du bilan carbone des investissements et placements financiers des ménages les plus aisés. Anne Hidalgo souhaite en effet par ce biais s’opposer au postulat qu’ « en 2019, les 10 % les plus riches de la population mondiale ont produit près de 48 % des émissions » du globe, selon un rapport du Laboratoire sur les inégalités mondiales.

La chef de file du PS recommande, par ailleurs, de taxer lourdement les investissements s’axant sur les énergies fossiles. Dans la même dynamique, elle rajoute vouloir réduire l’usage aérien en développant le recours au train autant que possible, en réduisant notamment le taux de TVA sur les déplacements ferroviaires. Les billets d’avion se verraient, eux, affectés d’une nouvelle taxe empreinte carbone. Enfin, l’idée d’une TVA verte, et donc naturellement abaissée sur tous les produits émanant de l’écologie et du développement durable (agriculture bio, recyclage, réemploi, …), est également soulevée par Madame le maire de la Ville Lumière.

Yannick Jadot

La candidat EELV (Europe Ecologie Les Verts) Yannick Jadot défend, de son côté, une idée déjà maintes fois présentée par sa couleur politique : la création d’un « bonus-malus écologique » appliqué aux impôts français, et qui diminuerait ou relèverait ceux de chaque foyer fiscal en fonction de leur impact environnemental respectif.

Il désirerait également pénaliser les produits alimentaires grandement modifiés et les transports les plus polluants (avion, camions, …) en remodelant la TVA.

Enfin, le député européen s’intéresse aussi aux droits de succession et de donation. Il suggèrerait une exonération en ligne directe réhaussée à 200 000 € (contre 100 000 € aujourd’hui) puis, une fois ce plafond franchi, une imposition qui s’estimerait en fonction du patrimoine reçu par chaque individu tout au long de son existence et qu’importe le lien de parenté.

Jean-Luc Mélenchon

Pour le candidat de LFI (La France Insoumise) Jean-Luc Mélenchon, l’objectif reposerait sur une refonte drastique et conséquente du modèle actuellement en vigueur. Le militant voudrait revoir complètement le barème progressif en le dotant de 14 tranches contre 5 à ce jour. Ainsi, ce dernier deviendrait encore plus modéré et graduel, faisant grimper le taux marginal maximum à 65 % des revenus perçus. Une architecture fiscale qui rappellerait celle pratiquée sous la présidence de François Mitterrand.

Le député de la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône plaiderait également pour l’effacement du quotient conjugal qu’il estime trop accommodant envers les foyers fortunés. Il envisagerait de surcroit de bouger la taxation sur les héritages en prônant une redistribution équitable des impôts ponctionnés sur les patrimoines légués les plus dotés (au-delà de 12 millions d’euros).

Fabien Roussel

Fabien Roussel, candidat du parti communiste français (PCF), défend pour sa part la création d’un « impôt Covid » pour sanctionner les bénéfices engrangés par ceux qu’il nomme « les profiteurs de la crise« . Il se positionne également pour une remise en service de l’ISF, mais qu’il voudrait « tripler ».

Les candidats de la droite et du centre

Valérie Pécresse

La présidente de la région Ile-de-France et candidate LR (Les Républicains), Valérie Pécresse, a intégré dans son programme de campagne plusieurs volontés de réformes fiscales. Elle prêche pour :

  • L’exemption d’impôt sur les successions et donations pour 95 % des Français avec un abattement de 200 000 € pour tout enfant héritier et de 100 000 € en ligne indirecte ;
  • Un « choc de transmission » avec la défiscalisation complète des donations jusqu’à 100 000 €, tous les 6 ans contre 15 ans actuellement, par enfant et par parent ;
  • Un relèvement des abattements dans le cadre des donations des grands-parents, mais également des tantes et oncles ;
  • L’exonération intégrale des heures supplémentaires pour les actifs.

Nicolas Dupont-Aignan

Nicolas Dupont-Aignan, candidat de Debout la France, a conçu pour cette campagne aux éléctions présidentielles d’avril prochain un programme dense de 100 propositions. Concernant la fiscalité, il suggère de :

  • Supprimer l’impôt sur les héritages dans le cadre des résidences principales ;
  • Faciliter la transmission en multipliant par deux tous les abattements sur les donations et réduire de 15 ans à 10 ans la durée ouvrant droit à une exemption ;
  • Flécher l’épargne des Français vers l’innovation et la production nationale via des contraintes fiscales appliquées au capital ;
  • Remettre en place une imposition sur les très grandes fortunes en omettant là aussi la résidence principale ainsi que tous les placements effectués sur des sociétés produisant en local en Hexagone ;
  • Ne plus alourdir de la moindre taxe ou norme supplémentaires les petites et moyennes entreprises françaises ;
  • Simplifier la transmission des entreprises en les exemptant de 90 % des droits de succession (contre 75 % actuellement) ;
  • Imposer les importations n’honorant pas certaines règles environnementales, fiscales, sanitaires et sociales ;
  • Développer un système de bonus fiscal pour tous les investissements réalisés en faveur d’entreprises d’écoconception ;
  • Elaborer un guichet régional dédiée à la fiscalité verte afin de guider les contribuables sur les subventions et exonérations auxquelles ils peuvent prétendre ;
  • Protéger en ôtant son plafond le dispositif de déduction fiscale Malraux concernant les immeubles anciens restaurés ;
  • Lancer un fonds de sauvegarde du patrimoine rural qui offrirait une réduction d’impôt de 66 % (dans la limite de 7 500 €) pour les dons immobiliers aux villages de moins de 1 000 habitants ;
  • Limiter à 35 % la taxation sur les revenus immobiliers ;
  • Diminuer de 22 ans à 10 ans la durée offrant une exonération d’impôt sur les cotisations et plus-values immobilières.

Jean Lassale

Jean Lassale, candidat du mouvement « La France Authentique », suggère, en termes de fiscalité remodelée, d’abaisser la TVA sur les hydrocarbures de 20 % à 5,5 % tout en maitrisant les tarifs de l’électricité et de l’eau. Un projet phare à l’heure où les Français se désolent de la flambée des prix globaux de l’énergie.

Le politicien souhaite également, comme beaucoup d’autres candidats, réintroduire l’ISF au profit de la disparition de l’IFI. Enfin, pour favoriser l’implantation d’entreprises dans les petites communes, il propose d’exonérer de taxe foncière et d’impôt sur les sociétés toutes les enseignes s’implantant dans des collectivités de moins de 15 000 habitants.

Emmanuel Macron

Officiellement candidat depuis le 3 mars 2022, Emmanuel Macron a développé la stratégie d’égrener son programme au compte-goutte lors des semaines qui ont succédé. Une volonté de respect, a-t-il avancé, envers son rôle de président de la République engagé dans la guerre en Ukraine.

Le jeudi 17 mars aux Docks de Paris-Aubervilliers, à trois semaines seulement de la tenue du premier tour électoral, il choisit néanmoins de se délester de sa tactique plaidant la mesure, au profit d’un dévoilement plus complet de son projet. S’articulant autour de quatre grands pactes, c’est dans son volet « pacte productif » que le chef file du mouvement « En Marche » énonce ses propositions en rapport avec une refonte de certaines taxes et impositions. Ainsi, Emmanuel Macron appuie la position ferme de souhaiter supprimer la redevance audiovisuelle et tripler la fameuse prime Macron qui a permis aux entreprises fin 2021-début 2022 de verser à chacun de leurs salariés une indemnité exceptionnelle de 1 000 € (2 000 € pour ceux gagnant trois fois le Smic), exonérée de charge et d’impôt.

Sur la question des droits de succession et de donation, pour « prendre en compte l’évolution des prix de limmobilier », le candidat suggère de rehausser de 100 000 € à 150 000 € l’abattement en ligne directe. Il désire également réformer le système fiscal en ligne indirecte afin de tenir compte de « la transformation des familles, des usages, des pratiques, … pour les neveux, nièces, petits-enfants, et enfants de conjoints ». Il n’a cependant pas apporté davantage de détails sur ce second point. Enfin, il se prononce en faveur d‘un allègement des impôts pour tous les couples vivant ensemble, pour que ces derniers bénéficient de coups de pouce fiscaux aussi attrayants que ceux offerts aux ménages mariés et pacsés.

Les candidats d’extrême droite

Marine Le Pen

Marine Le Pen, chef de file du mouvement nationaliste « M la France », plaide de son côté pour préserver le budget des français et mieux prendre en compte les actifs ainsi que les jeunes :

  • Une diminution de la TVA de 20 % à 5,5 % sur les énergies (carburant, électricité, fioul, gaz) en les requalifiant « produits de première nécessité » ;
  • Une réhausse des salaires de 10 % (jusqu’à 3 Smic), exonérée de charges patronales ;
  • Une suppression intégrale de l’impôt sur le revenu (IR) pour les jeunes actifs de moins de 30 ans afin « qu’ils restent en France et fondent leur famille chez nous », précise la candidate. Une mesure chiffrée à 2 milliards d’euros selon les estimations du RN (Rassemblement National) ;
  • L’effacement pendant 5 ans de l’impôt sur les sociétés pour les entrepreneurs de moins de 30 ans pour « éviter leur départ à l’étranger ».

Pour les familles, Marine Le Pen vise :

  • La prise en compte d’une part fiscale complète dès la naissance d’un second enfant et la réintroduction d’une demi-part fiscale pour les veuves et veufs ;
  • L’annulation de la redevance TV de 138 € par foyer fiscal par privatisation de l’audiovisuel public ;
  • La disparition des impôts sur l’héritage direct pour les familles modestes et classes moyennes ;
  • L’exonération de 100 000 € tous les 10 ans par enfant des donations émanant de leurs parents, mais aussi de celles provenant des grands-parents à leurs enfants et petits-enfants.

Enfin, sur le plan purement fiscal, la candidate d’extrême-droite suggère :

  • L’élaboration d’un IFF (Impôt sur la Fortune Financière) dont les seuils et taux seraient calqués sur ceux qui étaient pratiqués avec l’ISF (Impôt sur la Fortune), en exemptant néanmoins la résidence principale de la prise en compte de cette taxe ;
  • La création d’un ministère dédié à la lutte contre la fraude fiscale.

Eric Zemmour

Eric Zemmour, candidat d’extrême-droite du mouvement « Reconquête », ne lésine pas sur ses projets de réforme en matière de fiscalité. Ainsi, dans la partie « Pouvoir d’achat » de son programme, le journaliste du groupe Figaro désirerait pour « soutenir les travailleurs » et « les familles » que :

  • Les heures supplémentaires soient intégralement exonérées d’impôt et de charges sociales ;
  • La CSG (Contribution Sociale Généralisée) soit contractée pour les salaires de moins de 2 000 € mensuels ;
  • La prime de participation (1 500 € par an en moyenne en fonction des entreprises) soit intégralement défiscalisée ;
  • La redevance audiovisuelle soit annulée en privatisant les chaînes encore publiques de la télévision française ;
  • La résidence principale soit extraite du calcul de l’IFI ;
  • Le plafond du quotient familial soit doublé. Pour rappel, ce dernier sert à déterminer le nombre de parts attribué à chaque foyer fiscal dans le but d’établir leur impôt sur le revenu. Le dispositif du candidat offrirait aux ménages concernés un gain de près de 2 000 € par an, selon ses déclarations.

Pour accompagner au plus près les entreprises tricolores et leur donner tous les moyens de se démontrer plus productives, il souhaiterait :

  • Abaisser de 30 milliards supplémentaires les impôts de production ;
  • Réduire à 15 % le taux d’impôt sur les sociétés pour les agriculteurs, les artisans, les commerçants et les petites entreprise ;
  • Interrompre les droits de succession et de donation lors de la transmission d’entreprises familiales.

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Emilie Gardes

Rédactrice spécialisée en Economie, Finance et Immobilier

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