Pas de logement, pas d’emploi : le revers de la crise immobilière ?

Publié le 28 Juin 2023

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Thématique : Actualités

Rédigé par Maeva FLORICOURT

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Avec l’augmentation de l’inflation, l’accès au logement est devenu une préoccupation majeure pour tous. Certaines entreprises rencontrent des difficultés à recruter et la question du logement fait partie intégrante de cette problématique. Flambée des prix, taux d’intérêt en hausse, la crise immobilière fait ricochet et les entreprises sont à la recherche de solutions concrètes. Alors, en quoi le logement agit-il comme un frein à l’emploi et quelles sont les solutions à développer ?

Des emplois éloignés des lieux de vie

Le logement comme frein périphérique à l’emploi, c’est ce dont le Medef s’inquiète. Ce lien avait déjà été pointé du doigt en 2018 par une étude de l’INSEE. Cette étude avait plus précisément démontré la corrélation entre la densité de propriétaires et le taux de chômage dans une même zone. 

« Une forte densité de propriétaires peut engendrer des tensions sur le marché du logement : ces tensions sont susceptibles de compliquer la recherche d’emploi des chômeurs, par exemple en limitant leurs opportunités de trouver un logement à proximité des offres d’emploi.»

Insee

À l’heure actuelle, le Medef pointe surtout du doigt l’explosion des prix et la pénurie de logements comme obstacle au recrutement. Geoffroy Roux de Bézieux, président de l’organisation patronale s’inquiète que « beaucoup de postes non pourvus » soient la résultante d’un éloignement entre le lieu de vie et un potentiel lieu de travail.

« Le logement est un problème pour les saisonniers, mais aussi pour tout le monde. En vingt ans, la durée du trajet [logement-lieu du travail] a augmenté. » 

Geoffroy Roux de Bézieux

Selon le patron du Medef, non seulement le territoire est en berne de logements neufs, mais les constructions ne se font pas au bon endroit. Pour autant, la construction n’est pas forcément la solution à toutes les problématiques et notamment pas à celle du logement pour les saisonniers. 

Des saisonniers qui peinent à se loger

L’année 2022 a vu une baisse de 30 % des postes de saisonniers, soit près de 70 000 emplois non pourvus. La crise du logement n’explique pas à elle seule cette situation, mais son rôle est important. Les conséquences sur les entreprises qui vivent du tourisme sont majeures et, faute de bras, elles se voient dans l’obligation de réduire leur volume d’activité. 

Le problème n’est pas nouveau et les employeurs du secteur ont l’habitude de recourir au système D. Certains se démarquent de la concurrence grâce à la mention « possibilité de location » sur leurs annonces. Ainsi, ils sont de plus en plus nombreux à opter pour :

  • Des locations de places de camping,
  • L’achat d’appartements pour y loger les saisonniers.

Certaines villes ont mis en place des dispositifs encourageant les propriétaires à louer leur chambre disponible aux travailleurs. L’idée est de créer une vraie dynamique autour des zones touristiques.

Des solutions pour redynamiser le marché du logement

De nombreuses mesures sont prévues par le Gouvernement et les acteurs du marché de l’immobilier pour soutenir le logement. Dès cet été, 1 300 chambres universitaires seront mises à disposition des saisonniers. L’objectif est d’élargir ce nombre à 6 000 à l’horizon 2025.

L’exonération fiscale des propriétaires

L’exonération fiscale pour les locations à destination des saisonniers est un dispositif déjà existant. Le Gouvernement a donc décidé de le proroger au moins jusqu’en juillet 2024. De la même manière, des logements sociaux seront loués en priorité aux jeunes salariés de moins de 30 ans.

D’autres propositions sont plaidées, comme celle de Laurent Barthelemy, le président de la branche saisonniers de l’Umih (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie).

« L’État devrait autoriser plus largement le montage de villages éphémères avec des mobil-homes. Car pour l’heure, la loi Littoral est un frein à cela, en raison de contraintes réglementaires. »

Laurent Barthelemy

À noter que ce dispositif existe déjà. À Bordeaux, des logements modulaires déplaçables ont été mis en place pour accueillir des sans-abris. Rennes a rejoint le wagon en utilisant des friches et terrains publics en attente de renouvellement urbain pour y installer en urgence des familles précaires. 

14,4 milliards investis par Action Logement 

En juin dernier, une convention a été signée entre le Gouvernement et Action Logement.

« Cette convention, c’est le succès de la concertation et du dialogue social pour trouver un accord, bénéfique à nos concitoyens. »

Elisabeth Borne

Au travers de ce plan, Action Logement s’engage à investir 14,4 milliards d’euros en faveur du logement sur 5 ans. L’État a fixé 3 objectifs à cette convention : 

  • Accompagner le « parcours résidentiel en lien avec l’emploi » des salariés ;
  • Développer le logement dans les zones tendues ou en voie de réindustrialisation ;
  • Favoriser la transition écologique et la réduction des émissions carbone.

Cette enveloppe de 14,4 milliards se décompose ainsi : 

  • 5,25 milliards pour le financement de politiques publiques, dont 3,8 milliards qui bénéficieront aux quartiers défavorisés et 1 milliard pour la réhabilitation des logements situés dans les centres historiques.
  • 5,5 milliards pour soutenir les bailleurs sociaux, dont 3,9 milliards dédiés à la création de nouveaux logements, 3,7 milliards qui permettront d’aider directement des personnes physiques et 2 milliards qui soutiendront des projets de travaux ou d’accession à la propriété.

L’extension de la Garantie Visale 

Toujours dans le but de soutenir le logement, Action Logement a décidé d’étendre la Garantie Visale à un nouveau public. Réservé initialement aux jeunes de 18 à 30 ans qui peinent à trouver un garant, le dispositif a été élargi une première fois en 2021 au plus de trente ans qui gagnent moins de 1 500 euros nets par mois.

Bonne nouvelle : la Garantie Visale s’adresse dès décembre 2023 aux saisonniers. Une aide qui devra sûrement soulager un bon nombre de travailleurs. Les indépendants devraient normalement être de la partie dès l’été 2024. De plus, la possibilité d’étendre cette garantie aux locataires ayant signé un bail intergénérationnel est également en cours de discussion.

Le nouveau contrat de la FNAIM pour stimuler la rénovation énergétique

L’accession au logement rencontre ainsi de nombreux freins et parmi eux se trouve désormais les obligations de rénovation énergétique. C’est pourquoi la Fédération nationale de l’immobilier (FNAIM) propose une solution à destination des passoires thermiques : le contrat de vente en l’état futur de rénovation énergétique. 

Ce contrat vient en aide aux 47 % des propriétaires de logements énergivores de classe E, F ou G qui, faute de moyens, ne réalisent pas de travaux de rénovation. Ainsi, il s’adresse à toute personne qui vend un immeuble bâti ou une copropriété à usage d’habitation ou mixte (habitation et professionnel) ou destiné, après travaux, à l’un de ces usages. Son principe est le suivant : le prix des travaux est intégré au prix de vente.

Grâce à ce nouveau dispositif, la propriété des travaux est transférée progressivement, au fur et à mesure de l’avancement de la rénovation, avec un paiement échelonné jusqu’à achèvement total. Avec cette proposition, la FNAIM cherche à souligner la nécessité d’un accompagnement dans le domaine de la rénovation énergétique et par la même occasion à soutenir l’accession à la propriété. 

Une chose est sûre, l’ensemble de ces mesures ne seront pas, à elles seules, suffisantes, mais participeront certainement à sécuriser un bon nombre d’emplois.

En résumé

  • La distance lieu de vie/travail entrave de plus en plus le marché du recrutement ;
  • La flambée des prix du logement a divisé par deux le nombre de saisonniers ;
  • Des chambres universitaires vont être mises à disposition des travailleurs saisonniers dès cet été ;
  • L’exonération fiscale pour les locations à destination des saisonniers est prorogée jusqu’en juillet 2024 ;
  • Action Logement a signé une convention avec l’État pour soutenir le logement est promet d’investir 14,4 milliards d’euros dans le secteur ;
  • La Garantie Visale est étendue aux saisonniers et dans un second temps aux travailleurs indépendants ;
  • La FNAIM veut créer le contrat de vente en l’état futur de rénovation énergétique pour soutenir la mise aux normes des passoires thermiques.

En savoir davantage sur la crise du logement

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Maeva FLORICOURT

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