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Financement de la défense : qu’en pensent les Français ?
Publié le 19 Mar 2025
Lecture de 4 min.
Thématique : Actualités
Rédigé par Elodie FUENTES
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Alors que la question du financement de la défense française est un des sujets majeurs opérés par le Gouvernement, un récent sondage met en lumière l’avis de l’opinion publique sur la question. Si une large majorité de citoyens estime que la défense est une priorité budgétaire dans notre pays, la mobilisation de leur épargne comme contribution anime le débat chez les citoyens. Pendant ce temps-là, le Premier ministre et son gouvernement sont à la recherche de solutions pour aider à financer l’industrie de la défense face à la menace russe grandissante. Plusieurs options sont sur la table. Bercy doit se réunir demain pour échanger sur cette tâche qui s’annonce particulièrement corsée pour un pays tiraillé entre sa dette publique et son Assemblée nationale divisée de toutes parts.
70 % estiment prioritaire la question du budget de la défense
Un sondage réalisé par l’Ifop pour La France Mutualiste met en avant la voix des Français concernant la question du financement de la défense. 70 % d’entre eux priorisent cette question parmi les urgences gouvernementales dans les affaires budgétaires du pays. La guerre en Ukraine s’éternisant, la montée de la puissance russe et les prises de position inquiétantes de Donald Trump, renforcent les inquiétudes des citoyens face à l’instabilité géopolitique actuelle.
Mais lorsqu’il s’agit de mettre à contribution l’épargne des Français, l’opinion publique change de discours et se montre nettement plus frileuse pour participer au financement militaire au service de la défense de la France.
44 %
Des sondés se disent prêts à investir dans un produit d’épargne spécifique pour financer la défense de la France.
Parmi eux, 24 % se disent prêts à engager leur épargne, en contrepartie d’un rendement attractif. Les plus craintifs (17 %) souhaitent une transparence totale sur l’utilisation des fonds. Mais pour 43 % des sondés, la question du financement de la défense par l’épargne n’est pas envisageable.
À contrario, 43 % des Français rejettent cette idée et préfèrent conserver leurs placements en l’état actuel des choses et sont réfractaires à tout principe de financement privé de la défense.
La mobilisation de l’épargne personnelle, un sujet sensible
La question du financement de l’industrie de la défense par l’épargne des Français soulève plusieurs pistes avancées par le Gouvernement.
La première d’entre elles concerne un des placements préférés des Français, j’ai nommé le Livret A. L’idée étant de pointer une partie des placements de ce livret d’épargne vers la défense, mais sans toucher à son rendement. Et c’est là que les dents grincent, puisque 43 % des personnes interrogées sont catégoriquement opposées à cette idée.
En revanche, 47 % se disent favorables si la performance du Livret A est inchangée comme proposé. De son côté, le discours politique se veut rassurant, que ce soit sur le fond ou sur la forme de cette incitation financière. Éric Lombard, Ministre de l’Économie et des Finances, quant à lui, s’est exprimé sur sa volonté de ne pas toucher aux livrets d’épargne actuels, mais plutôt d’en créer un spécifique.
« Il n’y a aucun projet de confiscation de l’épargne des Français ».
Propos tenus le 15 mars dernier par Amélie de Montchalin, ministre chargée des Comptes publics
Concernant l’évocation de l’allongement de l’âge de la retraite pour financer la défense, cette idée est rejetée par 60 % des sondés.
Enfin, l’utilisation des fonds de l’assurance vie qui permettrait d’investir dans l’industrie de la défense partage également l’opinion publique : 42 % des sondés sont pour, dont 35 % si cela n’a aucune répercussion sur leur rendement, tandis que 45 % s’y opposent.
45 %
Des sondés refusent que le fonds de leur contrat d’épargne en assurance vie serve à financer la défense de la France.
Les trois pistes évoquées pour financer l’industrie de la défense
Face à tant de réticences et d’inquiétudes, le Gouvernement se réunira demain pour essayer de trouver une issue favorable au financement de l’industrie de la défense de la France. C’est dans ce contexte que Bercy recevra le ministre de l’Économie, Éric Lombard, et les acteurs du secteur financier. Pour l’heure, plusieurs solutions ont déjà été évoquées :
- La création d’un livret d’épargne dédié : à l’instar du Livret A et du LDDS (livret de développement durable et solidaire), ce véhicule destiné exclusivement au financement de la défense, permettrait aux Français d’investir volontairement par le biais d’un produit rassurant et familier. La rémunération de ce livret pourrait offrir des résultats similaires à ceux du Livret A (actuellement à 2,4 %) ou de bénéficier d’un bonus incitatif à sa souscription ;
- Le lancement d’un emprunt national : imaginée sur le modèle des grands emprunts nationaux déjà effectués sous la Ve République, cette option de financement aurait pour but de solliciter directement les épargnants en contrepartie d’une rémunération attractive. Celle-ci devra donc montrer des résultats particulièrement efficaces, supérieurs aux taux actuels, à hauteur des obligations d’État actuelles (3,5 % sur 10 ans).
- Le fléchage des contrats d’assurance-vie et des PER : les épargnants seraient invités à investir dans des entreprises du secteur de la défense via des unités de compte. Dans ce cas, les rendements pourraient être particulièrement élevés (entre 8 % à 10 %), en contrepartie d’un risque plus élevé qu’un simple livret d’épargne.
Malgré les pistes évoquées par les différentes figures politiques et économiques, le débat sur le financement de la défense tricolore reste houleux. Si 53 % des Français estiment que financer la défense s’inscrit dans une démarche citoyenne, l’opinion publique demeure à fleur de peau, encore écorchée vive par les renversements du gouvernement et les conséquences d’un projet de loi de finances pour 2025 quelque peu laborieux.
En résumé
- Priorité budgétaire et inquiétudes géopolitiques : 70 % des Français considèrent le financement de la défense comme une priorité, notamment en raison du contexte international tendu ;
- Réticence face au financement individuel : bien que 44 % des sondés soient ouverts à une épargne dédiée à la défense, une majorité reste réfractaire, notamment sur l’utilisation du Livret A et de l’assurance-vie ;
- Pistes de financement en débat : le gouvernement envisage trois solutions, un livret d’épargne dédié, un emprunt national et l’orientation des contrats d’assurance-vie vers l’industrie de la défense, mais l’adhésion du public reste mitigée.
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Elodie FUENTES
Rédactrice web, spécialisée en économie, finance et gestion de patrimoine
À travers la rédaction d’articles de fond, traitant sur l’ensemble des problématiques liées au patrimoine, je m’applique à vous apporter des réponses claires et précises pour vous aider à avancer dans vos projets d’investissement. Mon expertise est à votre service, bienvenue et bonne lecture.
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