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Rénovation énergétique : tous les ménages peuvent-ils réellement toucher les aides du Gouvernement ?

Publié le 16 Juin 2023

horloge Lecture de 5 min.

Thématique : Actualités

Rédigé par Thomas Saint-Antonin

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Malgré les différents dispositifs d’aide à la rénovation énergétique mis en place par l’exécutif, certains propriétaires butent toujours contre un reste à charge rédhibitoire. Le frein majeur à la réalisation des travaux dans leur logement.

Le Gouvernement va injecter 300 millions d’euros de plus

300 millions d’euros. C’est le montant de l’enveloppe supplémentaire qui sera allouée au dispositif MaPrimeRénov’ à destination des ménages modestes en 2024. Le remplacement des chaudières au fioul ou à gaz est notamment ciblé, au même titre que les petits travaux d’isolation combinés à ce changement d’équipements de chauffage. Pour les travaux plus conséquents, l’objectif est d’assurer un reste à charge minimal pour les plus petits portefeuilles. À l’avenir, l’outil MonAccompagnateurRénov’, ayant pour missions le choix des prestataires, le montage du dossier et le choix des matériaux, sera revalorisé de 1 200 € à 2 000 . Ce dernier permet également de lutter contre la multiplication des tentatives d’arnaques à la rénovation depuis l’arrivée sur le marché de dispositifs d’aides publics.

Alléchante sur le papier, cette avancée tranche avec les résultats en dents de scie des aides déjà en place. Dans les faits, les propriétaires se heurtent bien souvent à une difficulté d’octroi des aides, notamment en raison de la complexité du montage des dossiers et du reste à charge trop important pour les petits budgets. Les coups de pouce gouvernementaux semblent bénéficier à une catégorie sociale plutôt aisée, là où l’objectif initial était d’encourager l’entreprise de travaux pour les ménages modestes. Alors, que ce soit pour MaPrimeRénov’ ou les certificats d’économie d’énergie (CEE), les ménages modestes bénéficient-ils vraiment d’un coup de pouce suffisant ? Les dispositifs sont-ils réellement adaptés aux cibles visées ? Eléments de réponse.

Les ménages modestes dans l’impasse face à une rénovation globale

Depuis le 1er février 2023, les pouvoirs publics ont entrepris certaines manœuvres pour permettre aux propriétaires de réaliser d’importants travaux de rénovation énergétique de leur logement. Certaines mesures apparaissent toutefois comme inadaptées aux finances des ménages modestes. L’exécutif table notamment sur des rénovations globales, ou des travaux multiples au détriment des mono-gestes. Une initiative qui exclut les petits portefeuilles, ces derniers n’ayant pas un budget assez conséquent pour entreprendre de tels travaux.

À titre d’exemple, le forfait « rénovation globale » de MaPrimeRénov’ augmente pour les ménages aux ressources intermédiaires et supérieures, en passant de 7 000 € à 10 000 € et de 3 500 € à 5 000 €. Une nouveauté dont les ménages les plus modestes ne pourront pas bénéficier. La fin du bonus de 1 000 € versé pour le remplacement d’une chaudière au fioul ou à gaz par un équipement d’énergie renouvelable (à partir du 1er avril 2023) apparaît aussi comme un coup dur pour les moins aisés. MaPrimeRénov’ ne s’applique plus non plus à l’achat d’une chaudière à gaz, y compris à celles à très haute performance énergétique depuis le début de l’année. De quoi faire une croix sur de nombreux efforts mono-gestes.

35 000 €

Pour encourager les rénovations globales, le dispositif MaPrimeRénov’ Sérénité a vu son plafond grimper de 30 000 € à 35 000 €. Malheureusement, les montants à engager en supplément restent trop souvent supérieurs au budget des ménages modestes pour effectuer leurs travaux de rénovation énergétique.

Le constat est le même du côté des certificats d’économie d’énergie (CEE), cette fameuse aide à la rénovation énergétique, calculée en fonction de vos revenus et du gain écologique des travaux. Elle est attribuée sans condition de ressources. Ici aussi, les primes allouées aux particuliers baissent. D’après une étude PrimesEnergies.fr menée sur 150 000 chantiers, les CEE pour l’isolation d’une toiture ont, par exemple, baissé de 49 % entre les premiers trimestres 2021 et 2023, soit une chute vertigineuse de 1 559 € à 795 €. Un chiffre qui traduit les mêmes difficultés que celles éprouvées par le dispositif MaPrimeRénov’. Les primes CEE bénéficiaient à 80 057 chantiers au premier trimestre 2021, ce chiffre est tombé à 27 269 au premier trimestre 2023. Une diminution nette, notamment causée par la baisse du nombre de « petits travaux », au profit de rénovations plus imposantes et donc, plus coûteuses.

Le reste à charge comme problème central

Malgré les efforts de l’exécutif effectués à travers les différentes aides à la rénovation énergétique, le reste à charge reste trop important pour les ménages modestes. Une fois les aides versées, ce reste à charge représente entre 50 et 85 % du prix des travaux. Alors, les propriétaires qui le peuvent se voient contraints d’emprunter ou d’autofinancer la partie restante. Pour les autres, il est tout simplement impossible de compléter pour des travaux qui dépassent régulièrement plusieurs dizaines de milliers d’euros. En 2022, 17 % des dossiers MaPrimeRénov’ ont été réclamés par les ménages appartenant aux 30 % les plus aisés, contre seulement 5,4 % en 2020. Du côté des ménages modestes, c’est la tendance inverse. 37 % d’entre eux étaient à l’origine d’une demande en 2020, un chiffre qui a dégringolé à 30 % en 2022. Symptomatique de la difficulté de ces dispositifs d’aide à s’imposer durablement chez les ménages modestes.

À savoir

En 2023, 35 % du montant total de MaPrimeRénov’ bénéficie aux ménages précaires, contre 63 % au premier trimestre 2021.

Le renouveau du prêt avance rénovation après un premier échec ?

Le prêt avance rénovation (PAR) est un emprunt hypothécaire destiné aux ménages modestes souhaitant financer des travaux de rénovation dans leur logement. Il permet de décaler le remboursement du reste à charge des travaux lors de la vente du logement ou d’une succession. De facto, les frais de rénovation n’ont pas à être avancés par les propriétaires. Le taux d’intérêt est fixé par la banque et le montant plafonné à 30 000 €. Problème, depuis son lancement le 1er janvier 2022, les clients ne se bousculent pas pour souscrire ce prêt. Moins d’une quarantaine de PAR a été distribuée en 2022, pour un montant moyen de 20 860 € par ménage. Autre frein à son développement, seuls trois établissements bancaires le distribuent à ce jour : la Banque Postale, le Crédit Mutuel et le CIC.

Le chiffre clé

36

Le nombre de prêts avance rénovation (PAR) distribués en 2022.

Pour tenter d’enrayer cette dynamique négative et encourager les retraités aux pensions modestes à se tourner vers cette solution de financement, le Gouvernement entend simplifier le montage des dossiers et rendre le prêt avance rénovation accessible à tous. Pour l’heure, son octroi est soumis à des conditions de ressources. Par exemple, un ménage aux revenus modestes en région parisienne ne doit pas dépasser le plafond de 40 130 € annuels et de 30 427 € dans les autres régions françaises. Ces plafonds sont calqués sur ceux de l’Agence nationale de l’habitat (Anah).

Enfin, sachez que le prêt avance rénovation bénéficie d’une garantie publique correspondant à 75 % d’une éventuelle perte, pour compenser l’impossibilité de connaître à l’avance la durée du crédit et donc, la valeur du bien au terme des travaux. En effet, la transformation du bien ne permet pas de garantir un remboursement total du reste à charge des travaux de rénovation.

En résumé

  • L’évolution des dispositifs d’aide favorise les travaux de rénovation globale ;
  • Le reste à charge reste un frein majeur pour les ménages modestes dans le financement de leurs travaux de rénovation énergétique ;
  • À l’avenir, le PAR (Prêt Avance Rénovation) pourrait devenir accessible à tous sans conditions de revenus ;
  • La prestation d’accompagnement MaPrimeRénov’ pour les ménages modestes sera revalorisée de 800 euros.

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Thomas Saint-Antonin

Rédacteur web, spécialisé en économie et gestion de patrimoine.

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