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Covid-19 : plus de la moitié des Français anticipent une hausse des impôts
Publié le 19 Fév 2021
Lecture de 4 min.
Thématique : Actualités
Rédigé par Julie François
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Un récent sondage montre que les Français restent sceptiques face aux promesses de modération fiscale du gouvernement. Il semblerait que la majorité des contribuables anticipent même une hausse des impôts destinée à rembourser la dette Covid-19. Analyse.
Impôts : la position de Bercy
Le « quoi qu’il en coûte » martelé par le président de la République, Emmanuel Macron, et soutenu par les Français, depuis le début de la crise sanitaire, a souvent été accompagné par une autre phrase répétée en boucle par le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire : « il n’y aura pas de hausse d’impôt pour combler la dette ». Pour le moment, la promesse semble tenue. Bercy a d’ailleurs maintenu la baisse d’impôt de production pour 2021, estimée à 10 milliards €. Même position pour l’impôt sur les sociétés qui devrait baisser en 2021 et 2022. L’Exécutif s’en tient toujours à ses plans d’avant la crise de Covid-19, avant que la dette publique française n’atteigne 120 % du PIB.
Pour de nombreux économistes, cet outil de mesure de la dette publique n’est plus pertinent pour appréhender réellement l’endettement d’un État. « Le ratio de dette publique rapporté au PIB n’a en tout cas aucun sens », affirme Olivier Blanchard, ancien chef économiste du FMI, dans une interview au journal Les Echos. « Vraisemblablement, nous allons en effet devoir dépenser plus que ce qui était prévu pour soutenir l’économie , mais ce n’est pas un risque. Même s’il fallait un nouveau déficit public de 10 % du PIB en 2021, nous pourrions nous l’offrir. Cela se traduirait par une augmentation de la dette, mais ce ne serait pas dramatique. En revanche, si nous n’arrivons pas à maîtriser la Covid, et que l’on revit la même chose en 2022 et 2023, alors il faudra se poser des questions. […] Dans la situation actuelle, la dette a augmenté, mais les charges d’intérêts ont baissé. L’endettement est donc parfaitement soutenable », explique l’économiste.
Dette Covid-19 : l’avis des contribuables
Si la dette est soutenable, il n’en reste pas moins qu’elle devra être remboursée. Dans une tribune datée du 5 février, 100 économistes européens ont plaidé pour une annulation des dettes publiques européennes. Leur argument ? La Banque Centrale Européenne (BCE) détient environ 25 % de la dette, soit 2 500 milliards €. Or, la BCE est une institution publique européenne. Pour Baptiste Bridonneau, doctorant à l’Université de Paris-Nanterre et un des instigateurs de la tribune, « devoir de l’argent à la BCE, quand vous êtes un Etat, c’est comme si vous vous deviez de l’argent à vous-même. C’est absurde. » Une position qui ne fait pas l’unanimité.
La croissance économique, une possible solution ?
Selon un sondage réalisé par Elabe, pour Les Echos, Radio Classique et l’Institut Montaigne, seuls 15 % des Français croient à une annulation de la dette publique. En revanche, 76 % pensent que le gouvernement n’est pas crédible quand il affirme qu’il n’y aura pas de hausse d’impôt. Plus de la moitié des contribuables (51 %) estiment que la dette supplémentaire générée par la crise de Covid-19 sera remboursée par une hausse des impôts. 41 % affirment que le remboursement de la dette sera financé par une réduction des dépenses publiques. Seuls 30 % misent sur une contribution exceptionnelle auprès des plus aisés. Enfin près d’un tiers des Français pensent que la solution passera par la croissance économique.
Le sondage révèle également que 58 % des Français sont favorables au maintien du niveau actuel des aides pour soutenir l’économie. Toutefois, 30 % estiment qu’il faut en faire plus pour l’économie. Les Français miseraient-ils sur la relance économique pour diminuer le cout fiscal qu’ils devront supporter ? Rien n’est moins sûr. Cependant, il semblerait que les mesures de soutien à l’économie aient joué leur rôle. L’économie française résiste mieux que prévue à l’épidémie de Covid-19. En effet, le PIB, fin 2020, affichait -5 %, alors que les économistes avaient envisagé un recul de 8 %. Toutefois, rien n’est gagné, l’hypothèse d’un reconfinement pourrait mettre à mal la consommation des ménages. Le climat d’incertitude pousse les Français à épargner. Les chiffres du mois de janvier battent des records. Début février, l’Insee a estimé que l’objectif de Bercy, visant une croissance du PIB de 6 % pour 2021, n’est pas atteignable.
Si certains experts envisagent un rebond au deuxième trimestre, comparable à celui de l’été dernier, alors l’acquis de croissance, c’est-à-dire la croissance du PIB sur l’année en cas de stagnation au second semestre, serait compris entre 4 et 5 %. Tout dépendra de l’évolution de l’épidémie et de l’atteinte de l’immunité collective. Mais il semble déjà presque certain que la croissance économique ne suffira pas à rembourser la dette. Des économistes ont calculé que si les retards de l’Union européenne se confirmaient, alors il pourrait en coûter 90 milliards € de PIB aux États membres. Si le gouvernement reste droit dans ses bottes concernant la fiscalité des Français, comme solution pour rembourser la dette, il n’en reste pas moins qu’aucune alternative n’a été avancée à ce jour. À ce stade, le scepticisme fiscal des Français apparaît donc légitime.
En résumé
- Alors que la dette publique de la France atteint 120 % du PIB, le gouvernement assure qu’aucune hausse des impôts n’est envisagée pour rembourser la dette Covid-19.
- Un récent sondage montre que plus de la moitié des Français ne croit pas à ces propos et anticipent une hausse des impôts. Ils sont peu nombreux à penser que la dette sera annulée. Et moins d’un tiers misent sur la croissance économique comme réponse à l’endettement.
- Si les chiffres montrent que l’économie française a mieux résisté que prévu à la crise de Covid-19. L’avenir reste incertain. L’évolution de l’épidémie sera capitale pour déterminer quand et comment sera remboursée la dette publique française.
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Julie François
Rédactrice spécialisée en gestion de patrimoine, économie, finances
Journaliste de formation, j'écris sur la gestion de patrimoine et la défiscalisation pour plusieurs supports. Les mots sont devenus ma boîte à outils pour décrypter le monde. Grâce à eux, je décortique des concepts, illustre des idées et affine des pensées et tente, à travers mes articles, de rendre plus intelligible l’univers de la gestion de patrimoine et de l’immobilier.
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