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Reconfinement : l’épargne des Français est un surcoût pour l’économie
Publié le 05 Nov 2020
Lecture de 3 min.
Thématique : Actualités
Rédigé par Julie François
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Le nouveau confinement, en vigueur depuis le 29 octobre, pourrait encore faire grossir l’épargne des Français. Selon un sondage Odoxa pour Aviva, réalisé avant les dernières annonces gouvernementales, les Français seraient 4 fois plus nombreux à choisir d’épargner plus que de consommer. Un comportement pointé du doigt par la Banque de France. Explications.
Reconfinement : les Français plus nombreux à épargner
Peu avant l’annonce du confinement, Odoxa a mesuré pour l’assureur Aviva quelles seraient les conséquences d’un nouveau confinement sur la consommation des ménages. Le constat est le suivant : en cas de reconfinement, les Français choisiraient d’épargner (39 % des sondés) plutôt que de consommer (9 % des sondés).
L’étude conclut que les comportements observés lors du premier confinement au printemps dernier viendraient à se reproduire en cas de reconfinement. Les résultats du sondage vont en ce sens : « 65 % des Français envisagent d’épargner davantage dans les prochains mois ». La situation économique couplée aux mesures de confinement viennent activer les réflexes de précaution d’épargne des Français.
Plus de 85 milliards d’€
C’est le niveau record de dépôts bancaires qui avait été enregistré par la Banque de France entre mars et juillet 2020.
Ce réflexe d’épargne est la conséquence du sentiment d’incertitude créé par le contexte anxiogène. L’étude Odoxa révèle que 6 Français sur 10 sont inquiets pour leur avenir personnel (57 % versus 54 % pour la moyenne des Européens). Sans surprise, et comme au mois de mars, ce seraient donc les placements sûrs qui auraient la faveur des épargnants. « Dans leur choix d’épargne, plutôt qu’un placement plus risqué, mais offrant un meilleur rendement (20 %), 78 % des Français privilégieraient un placement sûr. »
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Les placements peu risqués restent privilégiés
Les choix d’épargne opérés se tournent donc vers des placements peu rentables. Les livrets d’épargne sont préférés aux produits d’épargne retraite ou à l’assurance vie. La liquidité est privilégiée dans cette période incertaine. En effet, la peur pour leur situation économique personnelle est en tête des préoccupations pour 51 % des Français.
Ces comportements restent toutefois l’un des principaux casse-têtes du gouvernement qui souhaitent, pour relancer la croissance, flécher l’épargne des Français vers l’économie réelle. Les résultats de l’étude Odoxa, s’ils viennent à se confirmer durant cette période de confinement, ne font pas pencher la balance dans le sens voulu.
De son côté, également, la Banque de France pointe du doigt un comportement de plus en plus coûteux. L’institution s’attarde plus spécifiquement sur le plan d’épargne logement (PEL). Le surcoût de ce placement, détenu par des millions de Français, représente plus de 8 milliards €, soit plus que le livret A (274 milliards €). Autant de ressources stockées qui ne sont pas injectées dans l’économie.
Les PEL dans le viseur de la Banque de France
C’est justement ce qui inquiète la Banque de France, au moment où les finances publiques sont au plus bas. Concrètement, le taux moyen des PEL s’élève, actuellement à 3,13 % (en pondérant le taux d’intérêt par l’encours qui s’élève à 284,3 milliards € à août 2020), selon le dernier rapport de la Banque de France remis au ministre de l’Économie et aux présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale.
Plus de 5 milliards d’€
C’est le montant des flux nets sur le PEL collectés au premier semestre 2020, selon la Banque de France.
Le taux appliqué aux PEL souscrits depuis 2016 est de 1 %. Mais la Banque de France vise en priorité les PEL ouverts avant 2011 qui possèdent un taux de rémunération bien supérieur. Si leur taux moyen était de 1 %, comme celui appliqué depuis 2016, le gain pour l’économie serait de 4 milliards €, selon la Banque de France.
Le produit le plus prisé des Français, il y a 50 ans, serait donc devenu un fardeau pour l’économie française. Le gouverneur de la banque centrale, François Villeroy de Galhau, déplore que « ces droits acquis pèsent sur le financement de l’économie française ». Pour palier ces effets, la Banque de France propose une solution : «pour que les banques puissent abaisser le coût de financement de l’économie, il faudrait que le coût de leurs ressources baisse». Elle préconise un taux à 0,3 % et rappelle dans son rapport que « seul le législateur peut s’emparer du sujet ».
En résumé
- Un sondage réalisé par Odoxa pour Aviva, entre le 14 et le 15 octobre, souligne qu’en cas de reconfinement, les Français seraient 4 fois plus nombreux à épargner plutôt qu’à consommer.
- Un constat déroutant qui semble annoncer le même scénario qu’au printemps.
- Les épargnants préfèrent les placements peu risqués qui permettent d’obtenir des liquidités immédiatement.
- Ce sont ces mêmes types de placements qui sont pointés du doigt par le gouvernement et la Banque de France, car les stocks générés, notamment par le PEL, représentent un surcoût pour l’économie française.
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Julie François
Rédactrice spécialisée en gestion de patrimoine, économie, finances
Journaliste de formation, j'écris sur la gestion de patrimoine et la défiscalisation pour plusieurs supports. Les mots sont devenus ma boîte à outils pour décrypter le monde. Grâce à eux, je décortique des concepts, illustre des idées et affine des pensées et tente, à travers mes articles, de rendre plus intelligible l’univers de la gestion de patrimoine et de l’immobilier.
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