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BCE : pour ou contre la hausse des taux, les gouverneurs se prennent le bec

Publié le 27 Juin 2023

horloge Lecture de 4 min.

Thématique : Actualités

Rédigé par Elodie FUENTES

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Un an bientôt que la Banque centrale européenne augmente ses taux directeurs de façon régulière. Cette pratique monétaire, qualifiée d’exception à l’époque, deviendrait presque banale aujourd’hui. Mais les tensions entre les membres de la BCE dont les avis divergent sur la continuité de hausse des taux se font de plus en plus sentir et perturbent les investisseurs.

Pourquoi persister avec la hausse des taux ?

La BCE l’avait annoncé lors de sa première augmentation des taux en juillet 2022, son objectif est de contrer l’inflation et de la faire plier autour des 2 %. À situation économique inédite, mesures exceptionnelles, depuis ce jour, la Banque centrale européenne fonce tête baissée dans la course à la désinflation, au risque de priver l’économie de son oxygène. Venant d’augmenter ses taux directeurs de 25 points de base, la BCE persiste et signe dans sa ligne de conduite en indiquant que les mois de juillet et septembre prochains poursuivraient cette tendance à la hausse. Si Christine Lagarde campe sur ses positions et continue à serrer la vis, c’est avant tout car les prix restent encore trop élevés et la baisse de l’inflation alimentaire se fait attendre.

5,3 %

L’inflation devrait être de 5,3 % en France pour l’année 2023.

Après une légère pause attendue cet été, le rendez-vous semble inscrit dans le calendrier des membres de la BCE pour passer à tabac une nouvelle fois la valeur des taux directeurs. Face à quoi, l’inflation est attendue à 5,3 % pour 2023 et envisagée à 3 % en 2024 par de nombreux économistes. Mais cette prévision optimiste semble opaque pour la présidente de la Banque centrale européenne et le groupe des Faucons, pour qui la conclusion hâtive de l’arrêt de la hausse des taux est une décision beaucoup trop prématurée. 

Quels sont les camps qui s’affrontent à la BCE ?

La question de la hausse des taux directeurs a installé un clivage au fil des mois entre deux camps, divisés dans leurs opinions par l’inflation et la situation macroéconomique. L’humeur joviale des premiers instants n’est plus et certains membres de la BCE se montrent de plus en plus opposés à la stratégie menée. D’un côté les Faucons, acharnés à dompter l’inflation à coup de remontée des taux et de l’autre, les Colombes, qui affichent un discours timoré et redoutent un scénario catastrophe pour l’économie.

Seulement voilà, la crédibilité de la Banque centrale européenne est en jeu. Elle qui affirme pouvoir ramener l’inflation aux alentours des 2 %, ne peut se permettre de se décrédibiliser auprès des marchés monétaires et de l’opinion publique. Difficile, par conséquent, de faire marche arrière, quitte à prendre le risque d’étouffer l’économie. Lundi 19 juin dernier, l’intention de la BCE a clairement été appuyée par Isabel Schnable, Gouverneure Allemande de la Banque centrale européenne qui affirmait « il vaut mieux en faire trop que faire trop peu ». Un discours fauconiste radicalement opposé à celui de Philip Lane, membre irlandais de la direction de la BCE, qui prenait la parole le jour même, en indiquant que la plupart des hausses de taux étaient derrière nous. 

Y’a-t-il des conséquences sur les marchés financiers ?

Deux salles, deux ambiances donc, face auxquelles les investisseurs ont du mal à se positionner. Une tendance qui se ressent sur les rendements des obligations d’État européens montrant des signes de volatilité. L’incertitude des taux se fait sentir sur le marché boursier, même si les investisseurs semblent anticiper une inflation aux alentour de 3 ou 4 % d’ici quelques mois.

Mais la plus grande crainte des colombes, qui justifie leur position modérée face à de nouvelles remontées des taux, c’est le risque de récession. Actuellement aux portes de l’Allemagne, la récession pourrait bien s’installer dans toute l’Europe selon certains économistes si la BCE ne donne pas plus de lest aux taux directeurs. L’économie européenne stagne dans un cycle économique atypique, encore piqué au vif par les répercussions du COVID. Invité au micro du Podcast de Nicolas Doze sur BFM Business, Christian Parisot, économiste et conseiller auprès d’Aurel BGC, revient sur le déséquilibre macroéconomique actuel, nourrit par deux tendances économiques distinctes. 

D’une part, le secteur de l’industrie subit de plein fouet la récession ; notamment dans le secteur de la construction résidentielle ; d’autre part, le secteur des services (tourisme, luxe) est en plein boom. Si le fossé se creuse entre les différents secteurs d’activité, menaçant les emplois pour l’un et augmentant les embauches pour l’autre, il crée, de ce fait, un déséquilibre dans la sphère économique, augmentant le risque d’inflation persistante. Un écart qui se fait également ressentir au cœur même du secteur industriel et plus particulièrement de celui de la construction, comme nous l’explique Mr Parisot. Car si la construction résidentielle subit la hausse des taux de façon brutale et violente, la construction d’industrie et l’engagement dans la transition énergétique sont particulièrement bénéfiques au secteur.

Autant d’ambivalences qui nourrissent le caractère instable et incertain des mois à venir.

En résumé

  • Jusqu’à atteindre son objectif de faire flancher l’inflation proche de la barre des 2 %, la BCE semble déterminée à poursuivre la hausse des taux directeurs ;
  • Cette stratégie monétaire pourrait augmenter le risque de récession en Europe et qui plane déjà sur l’Allemagne ;
  • À la Banque centrale européenne, les faucons et les colombes sont divisés sur la question et commencent à montrer des signes de désaccords en public ;
  • Les investisseurs frileux face aux dissonances des discours de la BCE, font augmenter la volatilité des marchés obligataires ;
  • La hausse des taux engendre de gros écarts de stabilité économique entre des secteurs pris à la gorge comme l’industrie et d’autres, comme les services, en pleine croissance.

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Elodie FUENTES

Rédactrice web, spécialisée en économie, finance et gestion de patrimoine

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