Faillite de la SVB : une chute contagieuse pour les banques de France ?

Publié le 14 Mar 2023

horloge Lecture de 4 min.

Thématique : Actualités

Rédigé par Elodie FUENTES

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C’est la plus grande dégringolade bancaire depuis la crise des subprimes en 2008 aux États-Unis : la faillite de SVB secoue les marchés financiers du monde entier. Trois banques américaines sont déjà tombées, le CAC 40 chutait ce lundi 13 mars à -3 % et les établissements européens ne sont pas épargnés. Comment cette nouvelle crise boursière va-t-elle impacter l’ensemble de l’écosystème financier ? Jusqu’où ira-t-elle ?

Baisse du marché boursier : pourquoi la SVB a coulé ?

Si le monde de la finance en prend un coup, les établissements bancaires sont les premiers à être impactés face à une chute boursière. Dans le cas de la baisse des marchés actuelle, ce sont les banques américaines qui sont le plus sévèrement touchées. Leur dépendance au secteur de la Tech et aux cryptomonnaies est en train de leur coûter très cher. C’est particulièrement le cas de la SVB (Silicon Valley Bank), qui déclarait forfait vendredi dernier, suivie de la New-Yorkaise Signature Bank au cours du weekend, sans oublier l’épisode de banqueroute de Silvergate Capital la semaine précédente. Et la liste des banques américaines impactées par la baisse des marchés boursiers ne s’arrête pas là. Tout aussi vulnérables que SVB, First Republic Bank, la banque de Phoenix Western Alliance Bancorp et la banque de Beverly Hills PacWest Bancorp ont vu leur valeur boursière dégringoler, de – 65 % pour la première citée, -53 % pour la seconde et -36 % pour la dernière. 

Mais alors, comment la SVB, 16e banque américaine, forte de 209 milliards de dollars d’actifs et 175,4 milliards de dépôts a pu plonger en ce mois de mars 2023 ? Pour comprendre cet événement historique, il faut regarder du côté de la vente des actifs et notamment des obligations d’États, survenue en grand nombre suite à la montée des taux d’intérêts.

Acteur phare des finances des start-up, la Silicon Valley Bank est pointée du doigt en tant que mauvaise gestionnaire financière dans cette histoire. Le retrait des dépôts de nombreuses start-up, influencées par de grands businessman, ayant insufflé un vente de panique, le phénomène aura fini par plomber l’établissement bancaire mondialement connu. Les choses ont commencé à mal tourner pour la banque des start-up américaine, le jour où Washington a décidé de remonter drastiquement ses taux à 4,5 % en 2022, époque à laquelle la SVB avait reçu de nombreux capitaux de la part de ses clients. Placée alors dans les bons du Trésor, la valeur des obligations avait chuté, suite à la hausse des taux d’intérêt, stratégie destinée à contenir la montée de l’inflation. Cet effet boule de neige aura de lourdes répercutions sur le financement des start-up, contraintes de serrer la vis par manque de levées de fonds autrefois généreuses. 

Les banques européennes chahutées par la faillite de la SVB

L’état de santé alarmant du secteur banquier américain n’aura pas épargné le marché boursier européen. La semaine aura mal démarré pour le CAC 40, pour qui tous les voyants clignotaient au rouge en ce lundi 13 mars 2023. Subissant sa plus grande baisse depuis 2022, l’indice boursier parisien faisait grise mine avec sa barre des 7 000 points atteinte et ses 3 % de perte dépassés. Paris n’étant pas un cas isolé, d’autres capitales européennes subissait de plein fouet la chute boursière, comme c’est le cas pour Milan, avec une baisse de – 4,2 % et de Madrid, avec – 3,4 %. Plombé par la faillite de SVB, tout un écosystème financier se rabat lundi après-midi comme un château de cartes. Commerzbank, la banque allemande chutait de 14,7 %, Banco Sabadell de 10,9 % et Banco BMP de 8,9 %, sévèrement touchées à leur tour par cette crise boursière. Pendant que nos voisins européens mordaient la poussière avec des chutes en bourses violentes, Wall Street, bien que non épargnée, tempérait la situation. La chute de l’indice S&P 500, était évaluée à 1,4 %, tandis que celle du Nasdaq, était affichée à 1 %. 

Le chiffre clé

-3%

Pour le CAC 40

Le chiffre clé

7 000

Points pour l’indice boursier parisien

Les investisseurs doivent-ils s’affoler ?

La tension des marchés financiers parle d’elle-même. Les faillites de la SVB et des deux autres banques américaines, survenues les unes après les autres, inquiètent fortement les investisseurs redoutant un raz de marrée. Sécurité avant tout, ils trouvent refuge au sein des emprunts d’État, quitte à bouleverser leurs prix et leur taux de rentabilité. C’est le cas pour la baisse des taux américains à 10 ans, chutant de 25 points durant ce fameux lundi chaotique, tout comme la baisse du taux allemand à 10 ans à 2,20 %.

Suite à ce revirement de situation, les investisseurs s’en retournent également vers le resserrement monétaire, induisant une importante baisse des taux courts. Résultat des courses, leurs rendements fondent comme neige au soleil, pour atteindre des chiffres inédits depuis la crise des subprimes en 2008, qui avait engendré une perte financière de 400 milliards de dollars à ses actifs.

Y-aura-t-il des répercutions pour les banques françaises ?

Le système financier français, doit-il s’inquiéter des répercussions causées par la faillite de SVB et du vent de panique qu’elle provoque sur les places boursières américaines mais également européennes ? À ce sujet Bruno Lemaire a tenu à rassurer les Français, lors de son entrevue sur France Info lundi matin. Selon ses dires, la solidité du système bancaire français et la non-corrélation avec la SVB limitent le risque de chute boursière des banques en France. Gabriel Attal quant à lui rejoignait les propos encourageants du ministre de l’Économie :

« Nous avons des banques qui sont solides, qui disposent de liquidités importantes […], mais on suit la situation de près »

Propos tenus sur France Inter par Gabriel Attal, ministre des comptes publics

Toutefois, les sanctions des marché boursiers en ce lundi 13 mars continuent de tomber. Hormis la baisse du CAC 40, certains grands établissements bancaires français ont également subit de fortes secousses avec plus de 5 % de baisse. C’est le cas notamment de BNP Paribas, de la Société Générale ou encore d’Axa.

En résumé

  • La SVB, la New-Yorkaise Signature Bank et la Silvergate Capital, 3 banques américaines, fortement dépendantes du secteur de la Tech et des cryptomonnaies viennent de faire faillite ;
  • Certaines banques européennes sont éclaboussées par la banqueroute de la SVB et le CAC 40 chute de 3 % ce lundi 13 mars ;
  • L’écosystème boursier est chamboulé, les taux courts baissent, tout comme les taux de rentabilité et les prix des emprunts d’État ;
  • Selon le ministre de l’Économie, le système bancaire Français est à l’abri d’un scénario catastrophe, identique à celui des banques américaines.

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Elodie FUENTES

Rédactrice web, spécialisée en économie, finance et gestion de patrimoine

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